Saviez-vous qu’en 1851 « les enfants de douze à seize ans pouvaient être employés dans les usines à feu continu dans la mesure où leur durée de travail n’excédait pas douze heures pour chaque vingt-quatre heures »?
Et qu’en matière de droit conjugal, à la même époque, « dans le cas d’adultère, prévu par l’article 336, le meurtre commis par l’époux sur son épouse, ainsi que sur le complice, à l’instant où il les surprend en flagrant délit dans la maison conjugale, est excusable »
Charmant n’est-ce pas?
Pourquoi vous dis-je ça?
Parce que ma nouvelle marotte historique a encore frappé, et toujours par l’intermédiaire d’un roman d’Hervé Jubert, ici le premier tome de la série « Blanche ».
J’apprécie encore une fois la réflexion sociologique sous-jacente, dans la conscience même des personnages, comme lorsque l’héroïne exprime sa reconnaissance à la vie d’être née dans une famille aisée, ne les obligeant pas, elle et ses soeurs, a travailler à l’usine dans ces conditions effroyables.
Dans la même lignée que Morgenstern, nous avons ici des personnages non-manichéens, qui peuvent nous surprendre d’une minute à l’autre. Pour n’en citer aucun, un de mes personnages favoris, vers la fin de l’histoire, m’intriguait tellement que je l’ai googlisé (oui, ceci est un verbe…Un vrai…Je….Pfffff…), et oh surprise…il existait. Et si je m’attendais à ça!! Mais pas de spoil, vous n’aurez qu’à le découvrir par vous-même…ou non!
Pas de fantastique ici, mais des enquêtes criminelles dans le décor époustouflant d’un Paris assiégé par les Prussiens, dans la réalité quotidienne qu’ils subissaient. Comme les problèmes d’approvisionnement qui menèrent les citadins à manger leurs chevaux, et même, dans de dérangeants repas pour nantis, les animaux du zoo. Pauvres Castor et Pollux!
Pour ne pas perdre le contact avec leurs familles parties se réfugier à la campagne, les assiégés rivalisaient d’ingéniosité. Ce n’est pas pour rien qu’un des personnages principaux est un pigeon… Et que maintenant, dès que je vois une montgolfière, je repense aux ballons des résistants et à une des scènes les plus marquantes du roman, où Blanche observe du ciel les armées prussiennes massées aux abords de la ville et ses alentours, brûlés, éventrés.
Une Blanche forte et déterminée qui, bien que coincée dans cette guerre, continue comme tous les Parisiens à essayer de mener une vie normale. Cette volonté de faire la fête dans l’épreuve rend cette description du siège encore plus forte. On y est, on respire avec eux, on a peur, mais on prend sur soi car la vie continue malgré tout.
Une Blanche qui donne aussi son temps pour soigner les soldats blessés, dans les ambulances improvisées (la version d’époque hein, pas celle avec des roues et un gyrophare. Je vous vois venir bande de petits malins), souhaitant devenir médecin…alors même qu’elle est une femme et que cela lui est donc impossible. Tristesse de cette sombre époque où le genre primait sur le coeur (c’est vrai que c’est important de connaitre le contenu de la culotte de chacun pour savoir que faire de l’humain en face…) Heureusement que Blanche, du haut de ses 17 ans ne se laisse pas conter: c’est même elle qui a inventé le batsignal.
J’aime finir sur une mignonnerie, et en plus, celle là vous sera utile lors de votre lecture de Blanche. Voilà donc, pour conclure, une photo de lérot.
